Le plastique, c’est fantastique !

Article invité : texte de Charlotte / merci Charlotte

20 ans, fille pas perdue, cheveux soyeux, elle a la cuisse douce et légère et le cœur encore bien tendre, encore bien bleu. Elle fleure bon la Soupline, les petites robes soigneusement repassées et elle sait murmurer à l’oreille des loups pour les faire labradors. Espiègle et gourmande, elle dévore des sandwiches beurre et saucisson et finit les pots de confiture en se léchant les doigts. Une meuf parmi tant d’autres, le firmament de la banalité en somme.

Elle a 22 ans et voue un culte sans bornes à Sex and The City. Après la diffusion du désormais inévitable épisode de Charrlotte et son Magic Rabbit, une mini révolution sexuelle se met alors en branlette dans toutes les chaumières de France et de Navarre. Et dans la sienne aussi : on vient de comprendre qu’il est dorénavant possible de se palucher avec classe et raffinement. Ces 4 godiches qui pratiquent sans complexe la masturbation électronique ont grandement contribué à l’évolution électroménagère de la femme moderne qui, jusqu’alors, se limitait à la Centrale Vapeur, le sèche-linge et le Blender à soupe, rien de bien folichon donc et c’est sans aucun doute grâce à elles qu’il est soudain devenu furieusement tendance de se fourrer des petits animaux frétillants dans la chatte.

Elle a 23 ans et se trouve dans une de ces incontournables « soirées coquines » : 15 meufs survoltées, petits fours à gogo, coupettes qu’on sirote pour le fun avec des pailles en forme de chibre et démonstration de jouets sexuels sous les gloussements hystériques d’une assistance follement détendue. Qu’un seul mot d’ordre : o-r-g-a-s-m-e. Hasta la victoria siempre. Il souffle un vent de liberté sous les jupes des filles et les fonds de culottes s’échauffent en crescendo. Et elle aussi revendique son droit à l‘orgasme sans bavure, elle aussi exige son septième ciel « quand je veux, où je veux, comme je veux », elle aussi veut jouir sur commande dans la joie et la bonne humeur : elle adopte donc un de ces petits lapins Parkinson.

Elle a 25 ans et vit de plastique, d’eau fraîche et de lubrifiant à la framboise. Elle est amoureuse de son Lapin Magique et il le lui rend bien.

Elle a 27 ans et hier soir, elle a (re) niqué avec une vraie bite ! Elle a d’abord dû se taper 2 Martini rouge, un resto et 3 heures de pénible blablatage pour à peine 16 minutes de baise foireuse. Alors que les préliminaires étaient bien engagés, le voyant s’empêtrer à trouver son point G -il n’y était pas du tout ce pauvre bougre- elle a jugé bon de gentiment l’avertir : « Traîne pas trop s‘il te plait, je dois me lever tôt demain. » et ça l’a fait débander aussi sec à l’autre. Qu’est-ce que ça peut être con une vraie bite. Et susceptible ! « C’est notre première fois, je ne suis pas une machine de guerre, tu dois me laisser un peu de temps » qu’il a dit. Elle a préféré s’éclipser en douce avant qu’il ne se lance dans de grandes explications « Psycho magazine » pour justifier sa pitoyable panne. Elle n’a pas que ça à foutre non plus hein.

Elle a 28 ans et elle vient d’acquérir le Black Warrior Penis, 28 cm et 250 volts de bonheur violent ; il lui permet d’atteindre 2 orgasmes en moins de 4 minutes 20. Elle est une femme comblée.

Elle a 30 ans et des poussières et a encore fait un cauchemar. Réveil en sursaut au fond de la nuit, la peur flanquée au creux du ventre. A la télé qui tourne en continu, Frigide Barjot s’agite, crie des mots qu’elle ne comprend pas mais qui n’ont vraiment rien de bien réconfortant. Elle réalise à quel point son lit est trop grand, son lit est glacial, elle connaît si bien sa vie aseptisée comme un bloc opératoire, ses amours tellement propres et sans débordement, ses orgasmes semi artificiels. Elle a oublié le goût du foutre, de la sueur, les râles, les peaux qui collent et les mains sur ses hanches mais elle gère bordel, c’est la boss et elle maîtrise sans défaillance son existence dans ses moindres détails. C’est une femme libérée, tu vois, une femme émancipée, indépendante et elle n’a besoin de personne.

Mais bon dieu qu’il fait froid, qui a éteint ce foutu chauffage ?
On dirait bien que c’est l’ennui qu’elle entend bourdonner.
Il lui manque quelque chose, comment remplir ce putain de vide ?
Demain, elle demandera à son Magic Rabbit qu’il lui fasse un bébé, tiens.